Le Grand Paris, projet historique destiné à faire de la métropole francilienne une agglomération accessible et interconnectée, sort de terre. Les premières mises en service sont prévues pour fin 2025.


C’est un “projet d’une ampleur inégalée”, qui va “reconfigurer la région parisienne”, affirme Maitre Cyrille Lelong. Qu’on en juge : il concerne une agglomération de 131 communes réunissant 7,2 millions d’habitants. Jusqu’ici, le réseau de transports partait en étoile du centre de Paris.

Avec le Grand Paris Express, quatre nouvelles lignes sont en cours de construction (lignes 15,16,17 et 18), qui font le tour de la petite et de la grande couronne parisienne.

S’y ajoute le prolongement de la ligne 14, tant au nord, vers Saint-Denis, qu’au sud, vers Orly. Désormais, ce projet colossal, adopté en 2008, entre dans une phase concrète : “Des bouts de tunnels sont déjà creusés, il s’agit d’un processus en cours.”

Ainsi, le 20 décembre dernier, le tunnelier de la ligne 15 sud-est arrivé à Créteill’Echat.

Sur la ligne 17, le tunnelier est parvenu à Le-Bourget-Aéroport.

Soixante-huit nouvelles gares

En chiffres, le Grand Paris totalisera 200 kilomètres de voies et 68 nouvelles gares, dont 80% sont reliées au RER, au métro ou au tramway. A terme, ce sont trois millions de personnes qui seront transportées chaque jour, dans des conditions de confort inédites : “Aujourd’hui, pour aller de La Défense à Saint-Denis, il faut passer par Châtelet, note Cyrille Lelong, demain, les deux seront à cinq stations de métro.”

Si bien que le calcul en nombre de stations de métro, si typique des Parisiens qui vivent intra-muros, sera élargi à l’ensemble de la région parisienne. “On pourra aller à Saclay, grand pôle de compétence, par les rames automatiques de la ligne 18, ou à Bagneux par la ligne 4.” La ligne 18 reliera Versailles à Orly en 30 minutes. De quoi changer de manière fondamentale la vie des Franciliens et rendre plus fluides et moins énergivores les déplacements. On estime que les usagers vont gagner 20 à 30 minutes de temps de trajet. Le projet n’a pas d’équivalent, même s’il évoque aux Parisiens les transformations voulues au XIXe siècle par le baron Haussmann. “On peut aussi souligner, note Cyrille Lelong, que cet énorme projet a permis de développer tout un ensemble de compétences, que cela concerne les travaux ou l’administration du projet. »

Nouveaux quartiers autour des gares

Avec ce grand projet, des zones vont être désenclavées, et de nouveaux quartiers vont naître autour des gares. Des aménagements sont prévus, et devraient rendre attractifs des banlieues et des quartiers qui sont aujourd’hui délaissés. Dix projets sont en cours, représentant plus de 2 100 logements. Objectifs : bâtir des quartiers durables, avec 50% d’espaces verts et des zones d’activité et de commerces de plus de 30 000 mètres carrés.

La Chambre des notaires de Paris suit depuis 2008 l’évolution des prix des logements situés autour des gares du projet, dans un rayon de 800 mètres et de 1,5 kilomètre.

Pour l’heure, les prix n’ont pas flambé de manière généralisée. Certes les logements les plus proches des gares affichent une prime de 300 euros au mètre carré, et certaines stations de la ligne 14 prolongée, telles que Pont-Cardinet ou Saint-Ouen, ont vu les prix s’envoler comme dans Paris.

Mais il faut que la gare soit en service ou presque pour que les prix montent, ce qui est le cas depuis la fin de 2020 pour le prolongement nord de la ligne 14. Car durant la période des travaux, les nuisances peuvent constituer un frein pour les candidats acquéreurs. Pour les investisseurs, selon cette étude, le meilleur reste donc à venir.

“Il faut rechercher les secteurs avec des connexions, et miser sur le moyen et le long terme.” À surveiller aussi : la tendance née de la pandémie de préférer une maison en grande couronne. L’ouverture des gares prévues pour les lignes 16, 17 et 18 est encore un peu lointaine. Une étude attentive du projet et un peu de patience s’imposent donc.

LIRE LA LETTRE n°100 EN INTÉGRALITÉ